par Jean Hertzschuch – Sauvegarde Genève – présenté à la conférence de presse du 27 octobre 2020
Nous sommes toutes et tous réunis aujourd’hui pour vous faire savoir à travers ce référendum, tout notre mécontentement sur CETTE cité de la musique. Et faire connaître toutes les raisons de cette opposition à toutes les Genevoises et à tous les Genevois.
Nous assistons avec ce projet à une faute très grave commise par plusieurs institutions : la ville de Genève – le canton de Genève – la fondation Hans Wilsdorf (Rolex) – les Organisations des Nations Unies
Où sont les chartes environnementales et éthiques de toutes ces institutions ?
Que font la Ville de Genève et le canton de Genève de leurs innombrables promesses…
Pour la première fois de son histoire, à notre avis, la fondation Wilsdorf fait un faux pas majeur par un irrespect accablant en raison d’une atteinte majeure à l’environnement et au patrimoine à travers le financement d’une grande partie de ce projet à la hauteur, nous a-t-on dit, d’environ 300 millions de francs. Ce financement à lui seul permettrait d’aider de très nombreux Genevois en très grande difficulté aujourd’hui. Ou d’aider toutes les structures musicales existantes pendant de très longues années. Mais non, ils préfèrent financer UN projet « privé » de musique. Celui d’une musique.
L’ONU, elle, commet ce même faux pas en louant ses terrains pour de nombreuses années à une fondation de musique privée. L’ONU aussi se rend donc complice malgré le fait que ses propres institutions se font les plus grandes instigatrices du respect de l’environnement et de l’écologie dans le monde entier. A-t-elle oublié sa part de responsabilités dans la préservation de la biodiversité et du patrimoine ici à Genève. Et pourtant, ce sont les pourfendeurs du respect de l’environnement partout dans le monde. En plus, les Genevois et la Confédération suisse ont versé des centaines de millions de francs pour les inciter et les
encourager à rester sur sol suisse et en particulier à Genève. On croit rêver. Comment peut-on justifier de telles subventions et nous laisser subir un tel irrespect sur le sol genevois ?
C’est un véritable scandale qu’autant d’institutions se sont laissé prendre par quelques promoteurs privés d’une musique. Ces organisations et institutions cautionnent toutes un projet totalement incohérent qui coûtera plusieurs centaines de millions et qui pénalisera les finances de la ville de Genève et du canton à très long terme. Il est certain que Genève devra éponger des coûts de fonctionnement très élevés, qui, semble-t-il, ne sont pas encore totalement établis. On parle d’au moins 13 à 14 millions de francs par année. Alors que le canton de Genève et la Ville de Genève affichent déjà des dettes colossales.
Pour CETTE cité de la musique, nous parlons de 2 structures de musique. Et en face il y en a 158 autres structures qui risqueront de subir des coupes dans leur financement via les aides qu’elles reçoivent de la ville.
N’oublions pas qu’il y a d’autres infrastructures à Genève : Le Victoria Hall et le Grand Théâtre qui bénéficient toutes deux d’une renommée internationale et qui coûtent déjà énormément à tous les Genevois. Assez. Ça suffit.
Pour Sauvegarde Genève, le pire dans ce projet, est que ces institutions cautionnent l’abattage de plus de 130 arbres et la destruction de la villa des Feuillantines, une magnifique maison patrimoniale. Rien n’a été fait pour sauver ni les arbres ni cette ancienne demeure qui devrait déjà être inscrite au patrimoine.
En réalité, nous assistons, pantois, à la privatisation d’une parcelle gérée par l’ONU sur le sol genevois, une parcelle qui avait été cédée à aux Nations Unies sous certaines conditions à l’époque. L’ONU s’est ni plus ni moins octroyé le droit de privatiser cet endroit via sa location à très long terme. C’est un coup bas. C’est scandaleux de la part de l’administration onusienne.
C’est un projet totalement mégalo qui n’a aucune raison d’être à la Place des Nations. Surtout pas à la Place des Nations. Cette parcelle des Feuillantines jouxtant la Place des Nations appartient à tous les Genevois et doit être préservée pour les générations futures. Elle est sacro-sainte puisqu’elle a été conservée quasiment en l’état jusqu’à nos jours. Elle est donc encore plus précieuse. Ouvrons la Villa des Feuillantines à tous les Genevois pour qu’elle puisse accueillir de vraies activités multiculturelles en tant que lieu de rencontre entre les Genevois et la Genève internationale. Tout en préservant cet extraordinaire endroit très arborisé.
Pour en revenir à la biodiversité des lieux, ces 130 arbres et leur écosystème actuel seront détruits à jamais. À l’heure du changement climatique, il ne devrait absolument même plus être question d’abattre des arbres à Genève pour des projets qui vont bétonner et minéraliser ces précieux espaces de nature en ville pour toujours.
Les compensations proposées sont de nouveau une grande fumisterie quand on sait que les nouveaux arbres qui seraient plantés prendront de très longues années à redevenir mâtures. Les dégâts écologiques seront immenses et pérennes. La nature requiert beaucoup de temps pour grandir et/ou pour se recréer. On veut nous faire croire que les replantages ou les compensations actuelles sont suffisantes. Ils nous mentent effrontément.
Sont-ils des experts en arboriculture ou en biodiversité ? NON. Toutes les compensations du monde… ne serviront à rien pour de très LONGUES années. Conserver et protéger les arbres actuels est une absolue nécessité. Qu’ils soient centenaires ou pas.
Nous parlent-ils de la dimension biodiversité ? Très peu. L’arbre, le groupe d’arbre ou une petite forêt créent un milieu. Ces milieux disparaissent avec les abattages. C’est difficile et très LONG pour les recréer.
Nous parlent-ils de la dimension santé ? NON. Les arbres protègent le sol, purifient l’air et procurent du bien-être au gens et aux villes. Les arbres prennent au minimum 20 à 40 ans pour devenir matures selon de nombreux experts. 30-50 ans pour 30cm de diamètre – 50-80 ans pour 50cm de diamètre – Plus de 100-150 ans pour 100cm de diamètre.
Il est clair que le milieu qui disparaîtra (composé de nombreux arbres et formant un écosystème) sera perdu sur le site. Les arbres qui seront replantés sur site ne vont pas pouvoir, même à long terme, redonner au lieu le même écosystème. Qu’est-ce qu’ils entendent par compensation, et comment vont-ils compenser réellement non seulement la perte des arbres mais également la perte d’un écosystème ?? Ces quelques mots à propos des compensations d’arbres ont été écrits en collaboration avec un ingénieur forestier.
Non à CETTE cité de la musique destructrice de notre environnement en Ville de Genève et mégalo. Non à cet immense paquebot de béton à quelques mètres de la Place des Nations. Genève mérite beaucoup mieux.
Cette « cité » doit se faire ailleurs (ou ne pas se faire). Dans un endroit où aucun arbre ne sera abattu. Où l’on osera enfin respecter l’environnement, le patrimoine avec la plus grande éthique et transparence possibles. Et en donnant toutes les garanties afin de préserver toutes les structures musicales pour les années à venir.
Merci.
Sauvegarde Genève
Jean Hertzschuch